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Photo du rédacteurSandrine Bodin

Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde

Dernière mise à jour : 30 oct.

Note: 4/5

Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde s'inspire d'un sombre fait divers survenu il y a une dizaine d'années en Roumanie, où une jeune fille, victime d’un viol collectif dans un village isolé, fut rejetée par sa propre communauté. Cet événement tragique a profondément marqué le réalisateur Emanuel Pârvu et sa coscénariste Miruna Berescu, résonnant avec leurs parcours personnels, que ce soit en tant qu'enfants ou que parents.

Adi, 17 ans, passe un été paisible dans son village natal. Une nuit, une violente agression vient briser cette quiétude. Dès le lendemain, tout bascule : le regard de ses parents change, et l’apparente sérénité du village se fissure.


Le mystère entourant l’agression est rapidement élucidé, et il devient évident que la priorité ne sera pas tant la défense de la victime que la volonté d’éviter tout scandale. En effet, le motif de l’agression dérange tout ce petit monde, de la police au prêtre, en passant par la famille.

À travers cette histoire, il est question non seulement de violence, mais aussi du poids des non-dits dans les dynamiques familiales et plus largement sociétales.



Niché dans les paysages somptueux du delta du Danube, le film exploite à merveille le contraste entre la beauté naturelle de ce cadre difficile d'accès - paisible la plupart de l'année et submergé par les touristes insouciants en été - et l'étroitesse de pensée des habitants. Cette dichotomie contribue à créer une atmosphère oppressante, presque claustrophobe.


Le film s'installe dans une lenteur délibérée, accentuant ainsi le malaise ambiant. Des personnages laconiques à la justesse des silences, tout alimente l'implacable omerta, tandis que les plans se resserrent, emprisonnant petit à petit des personnages de plus en plus fébriles.


Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde nous fait prendre conscience que l'intolérance peut parfois se manifester sous des traits familiers. Queer palm au dernier festival de Cannes, ce film, sobre et dépourvu de voyeurisme, perçu par les uns comme frustrant, par les autres comme subtil, ne laissera personne indifférent.


 

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