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Soleure 2025: sous les manguiers

Photo du rédacteur: Raphael FleuryRaphael Fleury

Les 60es Journées de Soleure battent leur plein en ce moment. Rendez-vous incontournable du septième art en Suisse, ce festival a lieu dans la ville baroque du 22 au 29 janvier. Huit jours consacrés au cinéma suisse. Nous sommes sur place pour vous en parler.

 

Aujourd’hui, nous vous parlons d’un film nominé pour le Prix de Soleure, la compétition principale des Journées de Soleure: Unter Mangobäumen, un documentaire donnant la parole à des femmes qui étaient autrefois piégées dans l’enfer de la guerre civile au Sri Lanka.

 


Unter Mangobäumen

Documentaire, 89 minutes, en lice pour le Prix de Soleure

Réalisé par Damaris Lüthi

 

Tout commence par un plan sur des manguiers. Le paysage est tropical, le calme règne, il se dégage de ce que l’on voit comme un parfum de paradis terrestre. Mais nous déchantons vite: après ce plan initial, la caméra de la cinéaste Damaris Lüthi nous emmène immédiatement au-delà de ces apparences trompeuses, sous la surface, sous les manguiers (comme l’indique le titre du film), au cœur d’un pays, d’une île ayant connu les horreurs de la guerre civile durant des années et en portant aujourd’hui encore les cicatrices, les stigmates.

 

Sous les manguiers: ce titre évocateur cache une réalité terrible. La guerre civile a fait rage au Sri Lanka de 1983 à 2009. À l’époque, on a construit des bunkers sous des manguiers, où se réfugier lorsqu’il y avait des bombardements. Les manguiers présentaient cet avantage, grâce à leur épais feuillage: ils permettaient de se dérober à la vue de l’ennemi. On espérait ainsi échapper à la mort.

 

Ce conflit a opposé le gouvernement du Sri Lanka, où se trouvait une majorité cinghalaise bouddhiste, aux Tigres tamouls, une organisation séparatiste qui se battait pour créer un État indépendant dans l’est et le nord du pays. Un État qui, au terme d’une guerre aussi sanglante qu’interminable, n’a pas vu le jour.

 

Le documentaire de Damaris Lüthi donne la parole à des femmes qui étaient autrefois piégées dans l’enfer de la guerre civile au Sri Lanka. Certaines ont combattu dans les rangs des Tigres tamouls après avoir été enrôlées de force (on n’hésitait pas à menacer leur famille si elles refusaient d’obéir aux ordres), d’autres sont des victimes civiles. Cinq femmes issues des groupes en conflit –les Tamouls, les Cinghalais et les Musulmans–, dont deux vivent aujourd’hui en Suisse, s’expriment devant la caméra, partagent leurs souvenirs.

 

Un documentaire très intéressant, un devoir de mémoire important, un film qui prend le temps de raconter, par le biais d’une poignée de femmes, une histoire ayant des ramifications jusqu’en Suisse, puisque environ 60'000 Sri Lankais y vivent à présent –nombre d’entre eux ont fui leur pays, jadis, pour trouver refuge ici.

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