Le cinéma. La littérature. Deux arts certes distincts, mais dont les liens, reposant notamment sur la narration et l’émotion, sont étroits, puissants, indissolubles. On vous propose d’approcher ce couple fascinant dans cette chronique de Raphael Fleury intitulée Recto Verso.
Dans cette première chronique embrassant cinéma et littérature, on vous invite à voir 5 films récents, et, si le cœur vous en dit, à vous plonger dans les pages qui sont à l’origine de ces longs métrages.
Cinéma et littérature: 5 films récents à voir absolument
• Dune: deuxième partie: à l’origine, Dune est un roman de science-fiction signé Frank Herbert. Un monument au nombre de pages vertigineux. Un classique en son genre. En un mot: culte. Et réputé inadaptable au cinéma. Il paraissait donc insensé de vouloir porter sur grand écran une œuvre pareille.

Nous nous trouvons dans un futur lointain. L'univers connu est gouverné par l’Empereur. Parmi ses sujets se trouvent différentes Maisons, notamment la Maison Atréides et la Maison Harkonnen. L’Empereur a donné à cette dernière la gestion du fief d’Arrakis, une planète particulièrement inhospitalière: son climat est désertique, sa terre infertile, et s’y trouvent des vers des sables, des créatures gigantesques, extrêmement dangereuses. Mais pourquoi s’intéresser à cette planète? Parce qu’elle est le seul endroit où l’on peut trouver l’Épice. Cette substance rare fait l’objet de nombreuses convoitises, et pour cause: elle rend possible la navigation interstellaire et constitue, par ailleurs, un puissant stimulant cérébral, permettant de développer phénoménalement ses capacités psychiques. Il va sans dire que la valeur monétaire de l’Épice est élevée.
Sur Arrakis vivent depuis longtemps les Fremen. La planète Arrakis, eux la nomment Dune. Ils croient en la venue d’un sauveur, un messie, qu’ils appellent le Madhi.
Sur Arrakis vivent depuis longtemps les Fremen. Ces autochtones habitent dans des grottes. La planète Arrakis, eux la nomment Dune. Les Fremen, bien que malmenés, brutalisés, méprisés par la Maison Harkonnen, sont néanmoins remplis d’espoir: ils croient en la venue d’un sauveur, un messie, qu’ils appellent le Madhi. Celui-ci les libérera du joug de la Maison Harkonnen. Dune deviendra alors un paradis.
Le baron Harkonnen et sa Maison dirigent donc Arrakis. Seulement, un jour, l’Empereur décide de remettre le fief de la planète des sables à la Maison Atréides, à la tête de laquelle se trouve le duc Leto Atréides. Ce dernier, alors, se rend sur la planète désertique. Dame Jessica, sa concubine appartenant à l’ordre religieux du Bene Gesserit, et leur fils Paul, sont du voyage. Dune raconte l’histoire de ce jeune homme, Paul Atréides, que d’aucuns pensent être l’Élu, le Madhi.
En 2021, le premier volet de Dune était projeté sur grand écran. On craignait le pire: comme on l’a dit, cette œuvre littéraire pharaonique est réputée inadaptable au cinéma. Mais c’était sans compter sur un metteur en scène brillant: Denis Villeneuve. Le Québécois a su porter Dune sur grand écran avec maestria. Un film de haut vol. Cela semblait impossible, le Québécois l’a pourtant fait.
On attendait donc forcément la suite avec impatience au cinéma, en 2024: Dune: deuxième partie. Et là, nouvel émoi: la magie opère à nouveau, le long métrage est une merveille. Dune et sa suite Dune: deuxième partie sont des exemples parfaits de blockbusters intelligents. Des films à grand spectacle alliés à des réflexions profondes et à un scénario solide.
À ceux donc qui recherchent un blockbuster sortant des sentiers battus, un mastodonte cinématographique doté d’une intelligence éminente, un space opera autrement plus fin qu'un Star Wars à la sauce Disney, on ne peut que recommander Dune: deuxième partie.
On attend avec impatience le troisième et dernier film de Denis Villeneuve consacré au monde de Dune, dont le tournage devrait débuter cette année encore!
• Hiver à Sokcho: Soo-Ha est une jeune femme de 23 ans qui vit en Corée du Sud, dans la petite ville côtière de Sokcho. Elle n’a jamais connu son père, un Français. Un jour arrive dans la pension où elle travaille Yan Kerrand, un artiste français. Un lien fragile va se tisser entre ces deux personnes aux cultures extrêmement différentes.

À l’origine, Hiver à Sokcho est un livre, paru en 2016 aux Éditions Zoé. Un livre à succès, couvert de récompenses, traduit en de nombreuses langues. Il s’agit du premier roman d’Elisa Shua Dusapin, une jeune autrice née en 1992 à Sarlat-la-Canéda d’un père français et d’une mère sud-coréenne. L’écrivaine a grandi entre Paris, Séoul et Porrentruy, dans le Jura suisse. Elle est diplômée de l’Institut littéraire suisse de Bienne.
Il aura fallu attendre presque une décennie pour qu’une adaptation du roman au cinéma voie le jour. Une attente qui en valait la peine: Hiver à Sokcho, le premier long métrage du Franco-japonais Koya Kamura, est une très belle réussite. Un film délicat à l’atmosphère envoûtante. Avec un excellent casting allant d’une parfaite inconnue (Bella Kim, mannequin avant d’être actrice, c’est ici son premier rôle) à un acteur illustre (Roschdy Zem).
• Conclave: le pape est mort il y a peu. Le cardinal Lawrence est chargé de superviser le conclave, qui a pour but d’élire le nouveau souverain pontife.
Dans le rôle principal, celui du cardinal Lawrence, un Ralph Fiennes impérial. Derrière la caméra, l’Allemand Edward Berger, oscarisé en 2022 pour son film diffusé sur Netflix A l’Ouest, rien de nouveau (quatre récompenses aux Oscars, dont celle du meilleur film international), qui était lui aussi une adaptation, celle du chef-d’œuvre éponyme de l’écrivain Erich Maria Remarque. Le livre et le film nous plongeaient avec maestria dans la Première Guerre mondiale.

Mise en scène aussi originale que brillante pour ce long métrage à la fois fascinant et déroutant ayant été sacré meilleur film récemment aux BAFTA, les récompenses britanniques du cinéma (l’équivalent des Oscars du cinéma américain ou des Césars du cinéma français). Il a aussi gagné l’Oscar 2025 du meilleur scénario adapté. Conclave est une adaptation du roman du Britannique Robert Harris.
• King’s Land: le Jutland, une lande réputée indomptable. Tous ceux qui ont voulu la soumettre ont échoué. La terre est stérile et des bandits rôdent dans la forêt avoisinante. Nous sommes au 18e siècle. Ludvig Van Kahlen, un soldat danois, demande aux représentants du roi Frédéric V la permission de s’installer sur cette terre. Il veut la cultiver, y établir une colonie. S’il y parvient, il souhaite être récompensé par un titre de noblesse, ainsi que par une propriété et des domestiques.
Seulement, Frederik De Schinkel ne l’entend pas de cette oreille. Ce seigneur local prétend que le Jutland lui appartient. Il va tout faire pour contrecarrer les plans de Van Kahlen.

King’s Land est un film danois extraordinaire signé Nikolaj Arcel, adapté du roman d’Ida Jessen intitulé Kaptajnen og Ann Barbara (Le Capitaine et Ann Barbara).
Une fresque historique d’une puissance rare. En un mot, un uppercut. Avec l’acteur incontournable du cinéma danois: Mads Mikkelsen, qui joue comme de coutume à la perfection.
• The Outrun: on termine cette chronique avec un film britannique à la fois sombre et lumineux, mis en scène par Nora Fingscheidt.
Il raconte l’histoire d’une jeune Écossaise, Rona, qui, après avoir vécu une vie d’excès à Londres, retourne sur son île natale, au sein de l’archipel des Orcades sis au nord de l’Écosse, dans le but de vaincre son addiction à l’alcool et la dépression dont elle souffre.

The Outrun est basé sur l’œuvre littéraire éponyme (L’Écart, en français), récit autobiographique de l’autrice britannique Amy Liptrot, best-seller mêlant introspection, nature writing et réflexion sur l’addiction.
Dans cet excellent long métrage de la cinéaste allemande ayant réalisé Benni (un film sorti en 2019, qui ne nous avait qu’en partie convaincu), l’actrice Saoirse Ronan, qui joue le rôle de Rona, livre une performance magistrale. À voir absolument.
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