Note: 3/5
Voyage en eau trouble
Le cinéaste allemand Christian Petzold revisite intelligemment, dans son nouveau long métrage, la légende d’Ondine. Une œuvre d’une justesse et d’une délicatesse qui forcent le respect, mais qui, par ailleurs, verse malheureusement dans une certaine fadeur.
Ondine délire-t-elle ? Hallucine-t-elle ? Délire-t-elle, quand elle lance à son petit ami Johannes qui l’a trompée, et qui veut la quitter, que, s’il met son projet à exécution, elle sera contrainte de le tuer ? Et cette voix, cette voix qu’elle entend parfois, qu’est-elle ? Un brin psychotique, Ondine ? Ou même carrément dérangée ? Et si, tout au contraire, elle avait toute sa tête ? Et si, simplement, la légende était vraie ? Le doute est permis. Mais de quelle légende est-il question ? De celle d’Ondine, justement : sa destinée serait, précisément, de devoir mettre à mort l’homme infidèle pour ensuite retrouver les eaux desquelles elle avait émergé autrefois. Les eaux, oui. Car une ondine est un génie des eaux. Autrement dit, un être surnaturel, mythique, une nymphe qui se trouve chez elle dans l’élément liquide.
Alors, Ondine est-elle une ondine ou une jeune femme déséquilibrée ? Le réalisateur Christian Petzold tire intelligemment partie, tout au long du film, de cette ambiguïté. Le fantastique n’est jamais loin. Des indices sont disséminés. Christoph, le scaphandrier et nouvel amour d’Ondine, lorsqu’il plonge dans un lac, trouve, au fond de celui-ci, ce prénom écrit sur un mur : « Undine » (Ondine, en allemand). Du reste, Ondine a la grâce et la beauté d’une nymphe. Des indices sont donc disséminés. Mais, au final, aucune réponse définitive n’est donnée, à chacun de se faire son avis, d’interpréter l’histoire d’Ondine comme il l’entend.
On aurait aimé se répandre en éloges sur Ondine : c’est un long métrage d’une justesse et d’une délicatesse qui forcent le respect, une œuvre empreinte d’un onirisme délicieux. Néanmoins, Christian Petzold peine à véritablement convaincre : malgré ses qualités indéniables, son Ondine est quelque peu soporifique, fade, par moments du moins, à l’image du premier et (trop) long exposé de la jeune femme, docteur en histoire, experte en urbanisme à Berlin, et… ondine ?
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