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Photo du rédacteurRaphael Fleury

Medusa

Dernière mise à jour : 7 déc. 2022

3/5

Le démon de la rébellion


Le deuxième long métrage de la réalisatrice brésilienne Anita Rocha da Silveira, intitulé Medusa, a été projeté à Cannes cette année. Le voilà qui sort en VOD vendredi, en exclusivité sur la plateforme filmingo.ch. On vous dit ce qu’on en pense.


Tout commence par une danse échevelée. Une femme se contorsionne sur de la musique électronique. Symbole de la dépravation, du dévoiement, aux yeux de la communauté religieuse sur laquelle va se concentrer Medusa, le deuxième long métrage de la réalisatrice brésilienne Anita Rocha da Silveira.



A l’opposé de ce monde débauché qu’incarne la séquence d’ouverture se trouve l’image lisse et sucrée, l’univers sirupeux de Michele et des Précieuses, un groupe de chanteuses chrétiennes.


A vingt-et-un ans, Mariana est l’une des Précieuses et cultive son image de future épouse modèle. A la nuit tombée, elle et ses amies parcourent les rues pour traquer les femmes aux mœurs qu’elles considèrent comme légères. Blessée lors de l’une de ces expéditions punitives, Mariana commence à douter de sa foi.


Celle-ci, plus tôt, prenait en photo des peintures de serpents. Le titre du film, Medusa, s’affichait alors en surimpression. Rappelons que, dans la mythologie grecque, Méduse est l’une des trois Gorgones, des créatures à la tête hérissée de serpents, et que le serpent, dans la Genèse, est l’incarnation du démon qui tenta Eve dans le paradis terrestre.


Ainsi, en s’appropriant, par la photographie, la figure du serpent, Mariana semble, dès le début du film, ouvrir une porte à l’esprit malin. Cela se confirmera par la suite : l’univers en apparence rayonnant dans lequel elle baigne va s’effriter peu à peu ; le milieu corseté auquel elle appartient va connaître le déchaînement, le débridement.


De tous ces éléments, on pouvait augurer un grand film. Malheureusement, le temps passant, le long métrage s’essouffle, et la dernière partie en particulier est peu convaincante. On est plus proches de la grimace, de la singerie, de la pitrerie, que d’un puissant mouvement de révolte, que d’un soulèvement crédible contre l’ordre établi, contre l’obscurantisme, contre la folie religieuse. Dommage, on aurait voulu y croire.


Medusa vaut tout de même le détour. Certaines séquences sont mémorables, comme celle où Michele publie une vidéo expliquant comment faire un selfie "parfait et chrétien" . L’œuvre d’Anita Rocha da Silveira donne ainsi un aperçu d’un certain christianisme 2.0. Glaçant.

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