Parmi les cinéphiles, il y une certaine catégorie de personnes que l’on pourrait qualifier de fanatiques de pop culture, de geek, des fous de la collectionnite que l’on appelle désormais les "kidultes".
A la recherche de la pièce ultime en référence à un film qu’ils aiment, ils vont écumer les brocantes, les vide greniers et surtout internet pour trouver leur bonheur. La plupart ont la cinquantaine et une certaine nostalgie à leur jeunesse n’est pas étrangère à tout ceci. Enfants de la télé, ils ont grandi avec les émissions et séries cultes des années 70 et ensuite les célèbres blockbusters des années 80-90.
Une bonne partie a joué avec les jouets de l’époque, les vaisseaux et voitures en métal Dinky Toys, Popy, Corgy, monté des maquettes en tous genre, joué avec les figurines Star Wars première génération et gardé ou non ces jouets devenus mythiques qui se retrouvent dans certaines brocantes de nos jours.
C’est Georges Lucas qui a véritablement lancé le marché du jouet cinéphile avec Star Wars, bien qu’avant il y avait déjà des jouets de films et séries. Il a surtout bâti sa fortune sur ce marché car à l’époque, il a offert la licence Star Wars à la Fox mais il signa un contrat où il gardait la licence «jouets». Bien lui en fit car ce fut un succès dès le premier film.
Les marques de jouets (comme LEGO, Bandaï, Kenner) l’ont bien compris. De nos jours ils proposent des jouets ou des rééditions pour ces "kidultes". Des jouets certes, mais à des prix pas forcément bon marché, voir assez cher et que l’on ne mettrait pas entre les mains de son gamin de six ans.
D’autres collectionneurs se sont spécialisés dans les répliques, originaux de tournages, et autre reliques (affiches, poster, livres, BD) de chaque film qui sortent au cinéma.
C’est le cas de Roman Güttinger qui possède des hangars pleins dans la région de Zürich et organise chaque année une bourse/vente.
A plus petite échelle c'est aussi celui de Jean-Marc Detrey dans la région Lausannoise qui s’est plutôt spécialisé dans les figurines, la miniature et les objets créés par des artistes, BD et documents rares, et d'Etienne Wuillemin de la région des trois lacs, passionné de Stars Wars et LEGO.
Nous allons consacrer des interviews à toutes ces personnes et nous commençons avec Jean-Marc, collectionneur, cinéphile touche à tout et fondateur du site clap.ch. Il nous reçois dans son exposition dans la région Lausannoise.
Tout commença avec les Super héros et Goldorak
Né en 1969, d’une maman passionnée par la SF et d’un papa plutôt porté sur le western, Jean-Marc ne découvrira le cinéma qu'à la fin des années 70. Mais avant il vécut la belle aventure des débuts de la télévision. C’est ce que l’on appelle un enfant de la TV.
Quel fut ton premier contact avec le cinéma?
- Je n’ai découvert réellement le cinéma qu’à la fin des années 70. Mais je me sens privilégié comme tous les gens de mon âge. Alors que de nos jours, les enfants naissent quasiment avec la technologie visuelle dans les mains, j’exagère mais je veux surtout dire par là qu’ils n’auront plus cette découverte que les gens de ma génération ont eue. La magie de la TV et tout ce qui s’en suivra les années suivantes. La découverte de la couleur à la tv, les premières séries américaines et britanniques, les films blockbusters de fin d’année, les années 70 vont être révélatrices pour moi. A l’époque, nous n’avions pas de grandes possibilités de chaînes à la TV: les trois chaînes officielles nationales et les trois chaînes françaises, TF1, Antenne 2 et France 3.
D’où vous vient cette passion ?
- Eh bien surtout de la télévision et d’une passion de ma maman pour les histoires de science-fiction et fantastiques. J’ai été assurément un des premiers Romands à découvrir Star Trek à la télévision alémanique, j’étais fasciné par Monsieur Spock et son équipe à bord de l’Enterprise. Puis ce fut la révélation Goldorak en 1976, les séries des samedis et dimanches après-midi à la TV: Cosmos 1999, Chapeau melon et bottes de cuir, Le prisonnier, Les Envahisseurs, Thunderbirds, Au-delà du réel, Zorro, L’homme Invisible, L’homme qui valait 3 Milliards, Mission Impossible, L’homme de l’Atlantide, etc…
Je ne me rappelle pas vraiment quel a été mon premier film au cinéma. Mon premier grand écran fut Titi et Gros Minet. Cela devait être La Flûte à Six Schtroumpfs qui a été discuté en famille puis refusé. Les films je me souviens moins bien: un film sur le Titanic à mes douze ans car je suis allé le voir hors la loi, il était quatorze ans à l’époque et mon premier James bond fut Moonraker. Mon premier Star Wars au cinéma fût Le Retour du Jedi, car trop jeune à l’époque pour aller voir le premier.
Et alors cette collectionnite a commencé quand ?
- Ce n’était pas, alors une collection à proprement parlé de figurines. Mais j’ai découvert très jeune les BD Strange de Lug Edition, que je collectionne encore actuellement. Ma passion pour MARVEL vient de là. Puis on a joué avec les figurines Star Wars forcément, mais à l’époque, pour nous, c’était des jouets, ils disparurent à la poubelle, je suppose. Mais il y avait aussi les Dinky Toys et Corgi avec leurs voitures de James Bond et la fameuse Lotus amphibie de L’espion qui m’aimait, ou le vaisseau de Star Trek et les véhicules des Thunderbirds en métal.
La collectionnite m’est apparue plus tard, adolescent en prenant conscience des pertes que j’avais eue avec la disparition de ces jouets et BD devenus cultes. Je me passionnais aussi pour les maquettes, j’en ai fait des maquettes et figurines en résine , vinyle et plomb tirées de films, créé des dioramas qui ont fini au Musée Greisinger comme mes dioramas du Seigneur des Anneaux.
Diorama inspiré du Seigneur des Anneaux : La Communauté de l'Anneau. Figurines 30mm peintes. Décors entièrement créé avec du matériel de récupération ou vieilles maquettes.
Le problème de la collectionnite c’est la place! Nombreuses maquettes ont fini à la déchetterie car elles prenaient la poussière et s’abimaient avec les années, j’en regrette maintenant certaines. Ou alors des jouets revendus pour d’autres, c’est une passion sans fin. Je me rappelle avoir vendu au milieu des années 2000 un magnifique set Goldorak à CHF 500.- pour m’offrir une statue de Sauron du Seigneur des Anneaux. C’est aussi un effet de mode. Le problème ’est que certains jouets vont devenir cultes et monter dans la quote et d'autre redescendre car il y a des rééditions. Mais un original, toujours sous blister ou en boîte peut valoir des centaines, voir des milliers de francs. Je viens de me réoffrir le fameux Goldorak. Je ne le lâche plus maintenant. Il Sourit.
A côté il y a les livres, les BD, passionné par MARVEL depuis très jeune, j’en ai pleins la bibliothèque, ainsi que des livres sur l’historique de tournages ou réalisateurs fameux, les comics et éditions françaises. J'ai une cave qui regorge de cartons fermés depuis des années.
Passionné aussi par l’artiste suisse Giger, je collectionne des livres, dessins, tableaux et figurines de sa créature fétiche Alien. Et je viens de créer ma page Art Of Xenomorophology sur Facebook
Comment réagissent les gens quand ils viennent chez toi?
- Il y a deux catégories d’amis ou de visites. Ceux qui voient même pas les vitrines car pas intéressés. Et les autres qui s’émerveillent devant.
Le plus rigolo c’est quand j’ai fait venir un agent d’assurance pour mes figurines et autres poupées. En premier lieu, il a rigolé en me disant: «Vous êtes sûr de vouloir assurer des Barbies?». Quand je lui ai expliqué que certaines de ces "Barbies" avaient une valeur à deux voir trois zéro, il rigolait moins.
Es-tu seul dans ta passion?
- Oh non, mais beaucoup n’en parlent pas, ils gardent ça pour eux. On les retrouves dans les bourses geek, les brocantes de jouets et les conventions. Il y a même une association en Romandie appelée SwissCollectors qui réunit les collectionneurs de figurines de films et un ami à Fribourg avait ouvert un petit musée avant le COVID, mais qui n’a pas survécu à la pandémie.
C’est quoi la prochaine étape? Le grandeur nature?
- Non, par manque de place et parce que je m’intéresse a beaucoup de thèmes, je vais rester avec mes petites envies. Et j’ai déjà eu l’occasion de réaliser plusieurs rêves dont celui de devenir Dark Vador en public, une expérience ultime. Il rigole.
As-tu des conseils à donner à quelqu'un qui débute une collection?
- Prendre son temps, ne pas se précipiter sur une pièce, évaluer le prix, vérifier la cote sur internet par exemple. Se méfier des revendeurs peux scrupuleux qui font monter la cote et s'assurer de son originalité car beaucoup de copies ou rééditions sont sur le marché. Après je ne cherche pas l'originalité ou la pièce qui est absolument encore sous emballage. J'aime les faire vivre et leur faire prendre l'air. Et surtout ne pas me ruiner pour une pièce. C'est au feeling.
Quand la simple collection ne suffit plus. Il apporte ses "mains à la pâte". Alors il a trouvé l'idée de monter et peindre des figurines faites par des artiste ou repeindre des pièces commerciales. En voici une petite galerie.
Connais-tu Roman Güttinger de Zürich? Ce sera notre prochain entretien.
- Oh oui je connais Roman depuis des années. Mais lui c’est un niveau supérieur. Il organise des bourses chaque année et doit avoir au bas mot 2-3 locaux énormes répartis dans la région de Zürich. C’est un fan de Giger aussi. Je me réjouis de le lire.
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