Fort de son succès 2023 et galvanisé par des préventes sans précédent depuis l’ouverture de la billetterie, le FIFF, Festival International du Film de Fribourg a démarré officiellement sa 38e édition ce vendredi soir avec une Cérémonie d’ouverture pleine d’humour et rythmée − grâce à sa section Cinéma de genre − de culture hip-hop. C’est précisément dans cet esprit que le premier des 100 films de la sélection a été projeté: la comédie satirique indienne Dilli Dark ouvre le Festival en première suisse.
Le FIFF se déroule à Fribourg et Bulle du 15 au 24 mars. Il promet de nombreuses découvertes à travers ses compétitions de longs et courts métrages, le premier panorama au monde dédié au cinéma de Macédoine du Nord et deux cartes blanches offertes à l’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani et au cinéaste français Michel Gondry.
Le président de l’Association du FIFF Mathieu Fleury a ouvert les festivités en déclarant que «le FIFF répond une nouvelle fois à sa mission de faire ressortir ce qu’il y a d’universel au sein même de l’immense diversité de la création humaine». Il a salué également l’état d’esprit des membres de l’équipe du Festival, qu’il voit «comme les porte-drapeaux d’une certaine idée, très fribourgeoise, d’une culture qui réunit ses différents acteurs, dans un esprit de collaboration plus que de compétition », et ce en adéquation avec les valeurs du hip-hop, «l’un des mouvements les plus joyeusement transversaux et décloisonnés qui existe».
Jean-Pierre Siggen, Président du Conseil d’État de Fribourg, a insisté sur le fait que «la soirée d’ouverture du Festival s’est imposée parmi les grands rendez-vous qui rythment la vie sociale, artistique et économique du canton. Grâce aux innovations apportées par les organisateurs, le FIFF est devenu une locomotive culturelle du canton.» Et même s’il a admis avoir été surpris par la thématique hip-hop et la programmation du Festival, «c’est tant mieux: cela fait même partie de l’ADN du FIFF». Il se réjouit: «Pendant 10 jours, toutes les générations et tous les milieux professionnels se mélangeront et partageront des émotions. Et surtout, je félicite l’équipe d’organisation d’être parvenue à décloisonner l’événement».
Les nouveaux co-responsables de la section Cinéma de l'Office fédéral de la culture, Nadine Adler et Laurent Steiert, sont apparus ensemble pour la première fois en public. Nadine Adler Spiegel a souligné l'importance des festivals de cinéma: «L'expérience sociale, le sentiment d'être ensemble, une visite nocturne à une Séance de minuit, l'ambiance survoltée d’une projection scolaire, une immersion dans un monde à découvrir – que ce soit dans les sections Hip-hop Culture ou Macédoine du Nord – ce sentiment, cette ambiance particulière, aucune plateforme de streaming ne peut les offrir. Nous devons avoir conscience que c'est précisément cette participation culturelle qui doit être préservée». Laurent Steiert a appelé à continuer à défendre l'indépendance de la création cinématographique: «Cette année positionne la Suisse comme pays de cinéma au cœur de l’Europe. Et l’indépendance de la création cinématographique suisse et européenne doit continuer à être défendue, dans une époque de pression sur les finances publiques. Nous devons nous engager pour cela».
Dans son discours, Thierry Jobin, directeur artistique du FIFF, a défini ce qu’est selon lui un «festival de rêve» en 2024. Interrogeant la raison d’être et les valeurs d’un tel événement, il a souhaité «un formidable lieu de rencontre entre toutes les sensibilités, tous les goûts, tous les mondes, tous les publics, tous les avis, toutes les cultures, toutes les opinions − comme une magnifique et chaleureuse pause numérique. Un lieu de brassage, de métissage, de partage, qui propose d’autres points de vue, éclaire les coins sombres et des merveilles dont les algorithmes n’ont pas idée».
Avant d’introduire le film d’ouverture Dilli Dark, de Dibakar Das Roy, «une satire contre le racisme qui touche un exilé nigérian à New Dehli et nous renvoie une image inédite de nos propres défauts», Thierry Jobin a demandé à Golshifteh Farahani d’ouvrir officiellement cette 38e édition. Dans un message vidéo envoyé depuis Vancouver où elle tourne la 3e saison de la série Invasion, la comédienne a ému l’assistance en déclarant: «Dans le monde d’aujourd’hui, plein de malheur et de guerre, c’est bien de se réunir autour du cinéma.» Et de conclure avec ces mots d’espoir: «Laissons l’art nous réunir».
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