La chronique qui fait peur livre son palmarès 2024
- Sandro Paulo
- il y a 18 heures
- 6 min de lecture
Alors que touche déjà à sa fin le quatrième mois de 2025, impossible pour l’amateur de cinéma de genre que je suis de continuer cette année cinéphile sans me pencher sur le millésime 2024 et de faire ma petite rétrospective…
Des œuvres sans concession, du gore, des films engagés, l’année 2024 a apporté son lot d’excellentes surprises et prouve que le cinéma d’horreur se porte bien et a encore tout le potentiel permettant d’emmener les spectateurs et spectatrices dans les méandres les plus sombres de l’âme humaine.
Bien évidemment, le choix des films présents ici est subjectif et n’engage que l’auteur de cet article. Mais n’est-ce pas justement la beauté du cinéma? Toucher des gens pour en laisser d’autres totalement indifférents?
En lisant ces quelques lignes, certaines et certains d'entre vous ne comprendront pas que je ne m’extasie pas devant le Nosferatu de Robert Eggers, réalisateur que j’adore mais qui à mon sens a livré un film fade, sorte de sous Dracula de Francis Ford Coppola. Robert Eggers s’est contenté d’accumuler des scènes sans toutefois jamais parvenir à captiver le grand amateur d'histoires vampiriques que je suis… Ou que dire du Alien Romulus de Fede Alvarez, réalisateur génial qui était parvenu lors de son remake d’Evil Dead à s’approprier une œuvre mythique du cinéma d’horreur en la réinventant mais qui pour son alien s’est contenté de faire un fan movie sans prendre aucun risque et finalement livrer un film sans saveur?
Vous l'aurez compris, pas facile de contenter le fan inconditionnel de cinéma fantastique que je suis! Mais rassurez-vous, ce millésime 2024 n'a pas manqué de m'enthousiasmer grâce à des réalisatrices (trois des films choisis ont été réalisés par des femmes, démontrant une fois de plus que le cinéma d'horreur continue de mettre les femmes en avant!) et réalisateurs qui ont su m'emporter avec eux dans leur délire horrifique! Alors, les bons films d'horreur en 2024, c'était quoi?

Cuckoo: Allemagne
Réalisation: Tilman Singer
Distribution: Hunter Schafer, Dan Stevens
Note: 4.5/5
Synopsis: Pour suivre son père dans son nouvel emploi, la jeune Gretchen accompagne ce dernier et sa famille recomposée dans une station thermale en Bavière. Très vite, le comportement suspect du patron du complexe et d’étranges événements vont éveiller les soupçons de Gretchen. Avec l’aide d’un policier sur le déclin, elle va essayer de percer les mystères de ces lieux.
Critique: Second film du jeune réalisateur Tilman Singer, Cuckoo plonge avec réussite le spectateur dans une enquête aux frontières du fantastique. La bande-son au synthétiseur donne au film un côté 80’s très plaisant et un soin particulier est apporté à la photographie.
Hunter Schafer, connue surtout pour son rôle dans la série à succès Euphoria, se révèle très convaincante dans le rôle de l’adolescente en rupture mais c’est bien Dan Stevens qui crève l’écran dans le rôle du patron tantôt sympathique, tantôt inquiétant. Grâce à son scénario inventif, Cuckoo tient le spectateur en haleine et le rythme du film allant crescendo n’a d’égal que l’horreur de la réalité à laquelle va être confrontée notre héroïne. Un film à déguster sans hésitation.

Animale: France
Réalisation: Emma Benestan
Distribution: Oulaya Amamra, Elies-Morgan Admi-Bensellam,
Damien Rebattel
Note: 4/5
Synopsis: Une femme tente de se faire une place dans le monde encore très viriliste de la corrida camarguaise. En se réveillant d’une soirée arrosée passée en compagnie de ses collègues masculins, elle sent que quelque chose lui est arrivé et commence à ressentir des transformations dans son corps.
Critique: Animale combine habilement deux styles classiques des films de genre: le Rape and Revenge mais sans être trop gore, et le mythe du loup-garou. Très belle interprétation de l’actrice principale, ainsi que des acteurs secondaires.
La photographie du film est également très soignée et fait peut-être penser malgré elle aux publicités vintage Marlboro, mais ce côté parfois kitch est finalement appréciable et la réalisatrice détourne cet aspect western pour se le réapproprier sur un mode féministe.
La dernière scène de transformation est par ailleurs particulièrement réussie et rend hommage à celle culte du Loup-garou de Londres.

La Malédiction: L’Origine: États-Unis
Réalisation: Arkasha Stevenson
Distribution: Nell Tiger Free, Bill Nighy, Sônia Braga
Note: 4/5
Synopsis: Margaret Daino, jeune novice américaine, est envoyée à Rome afin de prononcer ses vœux et intégrer l’Église catholique dans une communauté de religieuses s’occupant de jeunes filles orphelines. Elle se lie très vite d’amitié avec Carlita, adolescente mystérieuse et isolée des autres enfants.
Critique: Quelques jump scares ne tombant jamais dans la facilité, des scènes filmées sans concession par la réalisatrice (mention spéciale aux scènes d’accouchements et à l’interprétation de l’actrice principale dans la scène où son ventre grossit en quelques secondes), les apparitions de la bête savamment orchestrées et une maîtrise indéniable de la caméra par la réalisatrice plongent les protagonistes du film dans l’horreur absolue.
Le scénario joue habilement avec le spectateur, qui ne parvient jamais à savoir qui sera la mère de l’Antéchrist jusqu’au dénouement final, particulièrement intelligent.
Point d’orgue du film, la reprise de la musique du premier film, le Ave Satani composé par Jerry Goldsmith, lors d’une cérémonie occulte magistralement filmée par la réalisatrice.
La Malédiction: l'Origine est un film d’horreur comme on les aime, avec son lot de tension, de tripes et de sang, à voir absolument pour les amateurs et amatrices de ce genre de cinéma!

Krazy House: Pays-Bas
Réalisation: Steffen Haars et Flip Van der Kuil
Distribution: Nick Frost, Alicia Silverstone
Note: 5/5
Synopsis: Dans la famille Christian, la mère s’occupe de tout tandis que Bernie, père de famille gaffeur, enchaîne les catastrophes. Ainsi va la vie chez les Christian!
Jusqu’au jour où, suite à un problème de canalisation, trois ouvriers russes débarquent et «explosent» le quotidien de notre famille américaine typique.
Critique: Le film de Steffen Haars et Flip Van der Kuil, Krazy House, est une claque. Si on a l’habitude de retrouver Nick Frost dans des comédies horrifiques et fantastiques, le comédien joue certainement ici son rôle le plus subversif. Famille nucléaire, société américaine, société de divertissement, christianisme, tout y passe, et c’est peu dire! On suit la descente aux enfers de Bernie et les réalisateurs ne se sont fixés aucune limite! Ce film est une réussite absolue. Mention spéciale aux dialogues entre Bernie et Jésus-Christ (oui oui, Jésus-Christ).

The Substance: France – États-Unis – Royaume Uni
Réalisation: Coralie Fargeat
Distribution: Demi Moore, Margaret Qualley, Denis Quaid
Note: 5/5
Synospis: Star de cinéma sur le déclin, Elisabeth, quinquagénaire, anime une émission de fitness jusqu’au jour où son chef la licencie, estimant qu’elle ne correspond plus au canon de la mode. Il veut la remplacer par une femme plus jeune et plus attirante. La seule solution pour qu’Elisabeth demeure en haut de l’affiche: the substance… Un sérum permettant à Elisabeth d’obtenir une version d’elle-même améliorée, plus jeune, plus belle, presque parfaite. Une condition pourtant: partager le temps avec son alter ego. Une semaine pour l’une, une semaine pour l’autre, un équilibre parfait de sept jours. Une règle simple à respecter, non?
Critique: Coralie Fargeat rend ses lettres de noblesse aux films de body horror de façon magistrale. C’est simple, on n'avait rien vu de tel depuis des œuvres telles que La Mouche de David Cronenberg ou encore Slithers de James Gunn. Le film est viscéral et oppose toute l’horreur de notre société du paraître à un côté très bonbon et flashy faisant souvent penser à des publicités pour parfum ou à des clips de musique pop. Les acteurs et actrices crèvent l’écran et la réalisatrice démontre son amour du cinéma de genre non seulement par sa maîtrise de la photographie et de la réalisation, mais aussi en ayant recours à des effets spéciaux saisissants où le numérique est presque inexistant, et par des hommages à The Shining, Psychose ou encore Carrie, pour ne citer que quelques-uns des clins d’œil truffant The Substance.
Maintenant que vous connaissez mes coups de cœur 2024, il ne vous reste plus qu'à préparer quelques pop-corn, éteindre les lumières, vous munir d'une bonne couverture, et plonger dans l'horreur version 2024! Mais attention, n'oubliez surtout pas, dans la chronique qui fait peur, personne ne vous entend crier...
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