La grande messe du cinéma Suisse aura lieu du 18 au 25 janvier à Soleure. Des fictions fortes, des réflexions documentaires sur la guerre, et toujours la question récurrente des générations – voilà comment on pourrait esquisser en quelques mots les contours de cette 58e édition des Journées de Soleure. Du côté des films suisses, on peut observer que les réalisateur.trice.s se font une place dans le débat de société. Un programme hautement varié du point de vue de la forme aussi bien que du contenu.
Le comité de sélection des 58es Journées de Soleure a reçu 642 films, dont il a retenu 217. «Cette année, nous pouvons constater un nombre particulièrement élevé de fictions, une grande quantité de films basés sur des figures féminines fortes, et surtout des modes de narration originaux, osés», affirme Niccolò Castelli, le directeur artistique du festival. Et cette année, les catégories compétitives ne consistent pas exclusivement de films à grands budgets.
Film d’ouverture sur le Bélarus
Le film d’ouverture This Kind Of Hope parle pour de nombreux autres œuvres de notre sélection qui thématisent la guerre et donc la lutte pour les droits de l’homme et la démocratie. Dans son film, le réalisateur suisse-polonais Pawel Siczek dresse le portrait d’Andrei Sannikov, ancien diplomate et ministre adjoint des affaires étrangères bélarusse. Sannikov avait démissionné de la fonction publique en signe de protestation sous Loukachenko et s’était présenté aux élections présidentielles en 2010. Aujourd’hui exilé, il lutte inlassablement, en qualité de diplomate apatride, pour un Bélarus démocratique.
Des documentaires percutants
Cette année, sept films ont été sélectionnés en compétition pour le «Prix de Soleure». Assorti d’un montant de 60’000 francs, il s’agit de la récompense la mieux dotée du cinéma suisse. «This Kind Of Hope» en fait partie. Parmi les sujets abordés par les œuvres – cinq documentaires et deux fictions – on peut citer la lutte des femmes contre l’oppression patriarcale, par-delà les générations («Big Little Women»), le spectre de la guerre du Kosovo qui revient hanter la jeune génération («The Land Within»), ou encore la question environnementale, à travers la menace que représentent les espèces invasives («Until Branches Bend»). Le «Prix de Soleure» récompense des films qui se distinguent par leur humanisme. Cette année, le jury est composé du caricaturiste Patrick Chappatte, de la réalisatrice néerlandaise Ineke Smits et de l’autrice et éditorialiste zurichoise Nina Kunz. Le «Prix de Soleure» est offert par le Fonds du même nom ainsi que par le Canton et la Ville de Soleure
Des premières œuvres récompensées
Introduit il y a trois ans, le prix «Opera Prima», décerné aux premiers longs métrages, fait désormais partie du paysage. Les quatre fictions et documentaires en lice traitent entre autres du désir et du doute dans la relation amoureuse («Peripheric Love»); de la relation entre père et fils («Réduit»); de l’espoir d’un avenir meilleur («Theory Of Change»); du travail de déminage («The Deminers») ou encore des valeurs transmises par le milieu, et de leur remise en cause («Polish Prayers»). Les travaux de ces jeunes auteur.trice.s tournent autour de la notion de relation, qu’elle soit d’ordre social, intime ou politique. Comme si, après la pandémie, nous avions besoin d’une nouvelle boussole pour nous orienter dans ce qui nous relie les un.e.s aux autres. Cette année le jury du prix Opera Prima se compose de Joanne Giger, scénariste, Camille Bui, critique de cinéma et maîtresse de conférences en études cinématographiques à l'Université Paris-Sorbonne, et Markus Duffner, responsable de LocarnoPro (Festival de Locarno). Le prix doté de 20'000 francs est offert par les fonds culturels des sociétés de droits d’auteur SUISSIMAGE et SSA
Le public comme jury
Quatre fictions et quatre documentaires seront montrés dans le cadre du «PRIX DU PUBLIC», la catégorie compétitive qui assigne le rôle de jury au public. Le «PRIX DU PUBLIC» est doté de 20'000 francs et il est attribué conjointement par le sponsor principal du festival Swiss Life et les Journées de Soleure. La catégorie comprend six films présentés en première, dont «I Giacometti», un film qui se demande pourquoi c’est précisément le paysage rude de la Bregaglia qui a vu naître une dynastie d’artistes; «Amine – Held auf Bewährung», sur un requérant d’asile qui vient en aide aux plus démunis que lui; ou encore «The Mies van der Rohes», qui dresse le portrait de l’architecte à la renommée mondiale en examinant le rôle de son épouse et de leur fille. Cœur battant du festival, la section «Panorama» présente tous les courts et longs métrages produits en Suisse durant l’année précédant le festival. En fait partie le programme «Upcoming», qui met en lumière les œuvres de la relève et place un coup de projecteurs sur les jeunes talents. Etudiant.e.s des écoles de cinéma et jeunes autodidactes y présentent leurs courts métrages
Parler cinéma
Les Journées de Soleure introduisent cette année une nouveauté: «Fare Cinema» (faire des films), un cycle de rencontres pour parler cinéma. Une fois n’est pas coutume, les discussions ne s’intéresseront pas aux œuvres dans leur ensemble, mais creuseront un aspect donné de la réalisation. Café et croissant en main, on pourra débattre par exemple de l’éclairage dans les films d’aujourd’hui, de l’intimité devant la caméra, du cinéma en temps de guerre ou de la génération diaspora et de la perspective qu’apportent les secondos dans leurs œuvres. Les discussions auront lieu chaque matin dans la salle du Restaurant Kreuz et seront modérées par le directeur artistique des Journées de Soleure, Niccolò Castelli
Le montage à l’honneur
D’autres thèmes centraux sont explorés à travers les différentes sections. «Focus» examine l’utilisation qui est faite aujourd’hui dans les films de fiction et documentaires des images d’archives, et la manière dont celles-ci contribuent à définir les récits. «Rencontre» se consacre au montage, et rend pour la première fois hommage à une monteuse, en la personne de la suisse-néerlandaise Katarina Türler. Ce faisant les Journées mettent en lumière un aspect trop souvent négligé de la genèse d’un film: son écriture dans la salle de montage. «Histoires du cinéma suisse» passe en revue les utopies passées avec des films sur des individus qui rêvaient d’un monde meilleur. «Im Atelier» s’intéresse à la relation entre cinéma et théâtre en se demandant où se situe la frontière entre les deux. Certains des événements auront lieu dans le nouveau site du Stadttheater Solothurn.
Fortes d’une équipe solide, d’une nouvelle direction et du généreux soutien de nos sponsors et partenaires, les Journées de Soleure attendent avec beaucoup d’anticipation le coup d’envoi de cette 58e édition. Après deux ans de pandémie, nous nous réjouissons tous.tes de la perspective d’un festival sans restrictions.
La totalité du programme des Journées de Soleure est accessible en ligne ici: www.solothurnerfilmtage.ch
Les 58es Journées de Soleure auront lieu du 18 au 25 janvier 2023.
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