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Photo du rédacteurRaphael Fleury

Aventiclap, 5e du nom

Dernière mise à jour : 12 oct. 2022

Du 6 au 9 octobre, Aventiclap a célébré le cinéma suisse. La cinquième édition du Festival du film suisse et d’ailleurs s’est déroulée principalement au Théâtre du Château d’Avenches, mais aussi, cette année, au cinéma Apollo de Payerne. Comme à l’accoutumée, cinq films suisses étaient en lice pour le Marcus d’or du meilleur long-métrage. Retour sur l’événement sis dans la Broye vaudoise.


Photo : ©Raphael Fleury


Impossible de ne pas remarquer Jean-Marc Detrey, au Théâtre du Château d’Avenches, lors de la soirée d’ouverture du vendredi 7 octobre : le directeur artistique du Festival du film suisse et d’ailleurs Aventiclap était vêtu d’un jean rose et d’un manteau noir orné de paillettes. Un noir et des paillettes évoquant les salles obscures et la magie du cinéma, un rose apportant à l’ensemble une touche de légèreté et de gaieté. Une tenue vestimentaire mariant élégance et extravagance, pour fêter les cinq ans du festival.


Le palmarès


Cinq œuvres cinématographiques suisses se sont disputés le Marcus d’or du meilleur long-métrage. Du film indépendant à petit budget Bang ! à la plus grosse production Nos Otages, de la comédie Last Dance au drame se déroulant sur le rivage de la Mer noire Wet Sand et à celui ayant lieu dans les Alpes du canton d’Uri Drii Winter, la diversité était au rendez-vous, le cinéma suisse a prouvé, s’il en était encore besoin, qu’il est d’une richesse admirable.


Le Jury, composé de La Castou (présidente du Jury), Lionel Frésard, Michael Von der Heide, Laura Kaehr et Michel Rodde, a remis le Marcus d’or (une statuette et une somme de 1’000 francs) à Drii Winter, de Michael Koch. Une mention spéciale a été décernée à Wet Sand d’Elene Naveriani. Quant au Jury des Jeunes de la Broye, composé d’Eléa Aure Prudhomme (présidente), Valma Spahiu, Paul Ethenoz et Gabin Molleyres, il a, lui, jeté son dévolu sur Bang !, de Richard Szotyori.


Enfin, le Prix du Public des courts-métrages (une statuette et une somme de 500 francs) est revenu à L’âge d’or d‘Adrien Royer. Il s’est vu offrir le Marcus d’Or et une somme de 500 francs par un partenaire du festival


Zoom sur Drii Winter, lauréat du Marcus d’or du meilleur long-métrage 2022


Sobrement intitulé Drii Winter (Trois hivers), le nouveau long-métrage de Michael Koch est arrivé à Aventiclap précédé d’une très bonne réputation. Au Festival de Berlin, il avait reçu une mention de la part du Jury. Nous étions impatient de nous faire notre propre avis sur cette histoire d’amour – et de mort – tournée dans les Alpes du canton d’Uri, avec des acteurs non-professionnels de la région.


Anna (Michèle Brand) vit dans un village alpin isolé avec sa fille. Marco (Simon Wisler), lui, rejoint ce village après avoir quitté la plaine où il vivait, pour aller travailler aux côtés des fermiers de la montagne. Ensemble, Anna et Marco connaissent la joie d'un nouvel amour. Mais leur idylle va bientôt être mise à rude épreuve.


Plan fixe sur un gros rocher. Un chœur chante. Voix plaintives. Élégiaques. Comme un présage funeste. Ainsi débute l’œuvre cinématographique de Michael Koch. Dans ce plan inaugural, il y a en germe tout le film. C’est beau, mais c’est aussi pesant, âpre, rugueux, austère. Des attributs que l’on peut rapprocher de ceux qualifiant Marco, l’un des protagonistes : cet homme est bourru, taiseux, taciturne. Est-il vraiment fait de chair ? On se pose la question. Il semble avoir été taillé dans la roche, son visage est inexpressif. En somme, un visage de pierre.

Heureusement, tout n’est pas triste, écrasant, étouffant, dans ce long-métrage. Une chanson d’amour vient contrebalancer le chœur lugubre du prologue : What is love, un tube des années 1990. Une légèreté et une insouciance bienvenues.


Michael Koch fait des merveilles à l’aide de sa caméra : c’est très bien filmé, cadré, mis en scène. Les plans sont intelligemment composés. On dirait une succession de tableaux d’une beauté inouïe. C’est long et lent, mais captivant. On demeure pantois devant la virtuosité du cinéaste. Le Lucernois semble avoir su capter, dans son film, l’essence du milieu agricole alpin, sublimer les Alpes uranaises, et donner, à ce qui aurait pu n’être qu’une banale, qu’une énième histoire d’amour et de mort, la stature d’un récit hors du commun, plein d’une puissance colossale.


À noter que Drii Winter représentera la Suisse aux Oscars 2023.


Aventiclap, 5e du nom s’est achevé le dimanche 9 octobre. Les dates de la prochaine édition ne sont pas encore connues.


Photos : ©Saskia Batugowski

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