
Timbuktu - Le Chagrin des oiseaux Timbuktu (v.o)

Date de sortie | 10.12.2014 |
Durée | 100 minutes |
Age | 12/14 |
Pays | France , Mali , Mauritanie (موريتانيا) |
Distributeur | Trigon Films |
Genre | Drame |
Réalisateur | Abderrahmane Sissako |
Acteur | Abdel Jafri Kettly Noël Hichem Yacoubi |
Note CLAP.CH |
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Note du public |
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Synopsis
Ce film a fait partie de la compétition du Festival de Cannes 2014
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques.
Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s'en est pris à GPS, sa vache préférée.
Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…

Firouz-Elisabeth Pillet | Lundi 8 décembre 2014
Présenté en ouverture au 67eme Festival de Cannes, Timbuktu, du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, a reçu un accueil triomphal sur la Croisette, se révélant un redoutable compétiteur pour les dix-huit films en lice pour la Palme d'Or en mai dernier.
Séquence d’ouverture: une gazelle qui s'enfuit. «Ne la tuez pas, fatiguez-la !», crie le chef des djihadistes qui la poursuivent en jeep. C'est ce qu'ils font aussi avec les hommes et les femmes. S’ensuit un mépris complet et la destruction des marques culturelles et du patrimoine hérité depuis des siècles: masques et statuettes servent de cible aux exercices de tir. Puis surviennent des interdits en tous sens: ni cigarettes, ni jeux, ni musique, ni même le loisir de s'asseoir devant chez soi; voile, chaussettes et gants noirs pour les femmes, même pour les vendeuses de poisson au marché… Malgré l’aberration de la situation!
Le film illustre le drame vécu par une famille malienne de la banlieue de Tombouctou, aux prises avec les milices djihadistes. Tourné à Tombouctou et dans un village de l'est de la Mauritanie, le film raconte le quotidien de la ville malienne occupée par les islamistes en 2012. À travers les yeux de la famille de Kidane, le réalisateur révèle le joug des extrémistes religieux et les diverses interdictions qui en découlent, toutes plus grotesques les unes que les autres. Le résultat est un film poétique, poignant et subtil, bien éloigné des images propagées par les journaux télévises. La photographie est lumineuse et chatoyante, la bande-son subtile et utilisée toujours à bon escient, le tout teinté d’un humour bienvenu pour supporter l’innommable. Certaines séquences sont déjà cultes comme cette magnifique partie de foot sans ballon, grandiloquente, où l'imagination des enfants prend le dessus sur la bêtise des djihadistes d'AQMI.
Abderrahmane Sissako signe un film lumineux, véritable plaidoyer éloquent contre l'obscurantisme et mélopée poétique au continent africain. La terre bafouée, les êtres humains opprimés, voire exécutés, la vie sacrifiée, Gaïa, mère nourricière profanée … La terre, source et habitat de vie, la terre que le djihadiste, interprété par Hichem Yacoubi, soulève dans la chorégraphie cosmique durant sa prière. Magnifique scène majestueusement filmée par la caméra de Sofiane El Fani (l'opérateur d'Abdellatif Kechiche sur La Vie d'Adèle) qui saisit des détails à l’immense symbolique. Le film atteint une poésie puissante à mesure que les djihadistes bafouent la vie, le film done un visage à ceux qui résistent, que l’on répriment et parfois assassine. Emblématique de cette résistance, le visage de Tayo, la fille de Kidane, et de sa femme Satima que le berger touareg voudrait désespérément revoir avant de mourir. Et c'est justement sur ce visage de Tayo que se termine le film dans un évident souffle d’optimisme que Sissako souhaite insuffler aux résistants.
Ce long-métrage d'Abderrahmane Sissako était un candidat sérieux pour la Palme d'Or, unique film africain de cette 67ème édition. La critique a été dithyrambique dès la première projection et les applaudissements furent nourris à l’issue de la projection cannoise.
Lors de la conférence de presse de Timbuktu qui a suivi la projection, le réalisateur malien de cinquante-trois ans n’est pas parvenu à contenir ses larmes en évoquant son film et le courage de ceux qui ont vécu «un combat silencieux». Abderrahmane Sissako s’est avoué heureux d'avoir réussi son entrée en compétition officielle. Et pourtant… Le film de Sissako est parti bredouille de la Croisette à croire que les tempêtes de sable du Sahara avait atteint les membres du Jury, inaptes à déceler une perle parmi l’avalanche des films en compétition!
vincenzobino | 16.01.2015 23:54
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