
Der Grosse Kater
Der Grosse Kater est une pure fiction qui répond parfaitement à la formule: toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Panzer brosse le portrait d'un homme qui se retrouve piégé dans les arcanes du pouvoir de telle manière qu'il en oublie les siens et sa propre existence, ne se consacrant qu'à sa seule tâche politique. Et Kater excelle dans cet exercice comme dans la scène où il accueille le couple royal en compagnie d'une jeune Espagnole en lieu et place de sa femme qui l'a laissé tomber, en expliquant justement que c'est une idée de cette dernière que sa majesté soit reçue par une compatriote. Il ment évidemment et, comme le mensonge est un sport dans le monde très faux de la politique, Kater est un athlète de haut niveau. Seulement tout performant qu'il soit, un sportif subit inévitablement un jour ou l'autre des défaillances. Et c'est la le point essentiel du film dont le titre est un jeu de mots entre le nom du héros et un gros chat, un matou qui hante les souvenirs du Président, car enfant il fut témoins d'un événement relativement tragique pour lui, impliquant un chat et son père, qui dans le cas de cette réminiscence précise, opta pour une solution expéditive pour régler le problème. Et Kater se rend compte petit à petit que ses très hautes fonctions lui font perdre toute noblesse face au malheur qui touche sa famille. Aidé par sa femme, qui lui fera comprendre qu'elle ne supporte plus son comportement lors du dîner officiel, qui vire quasiment au scandale diplomatique, et une errance nocturne dans les rue de Berne, il retrouve sa dignité perdue.
Bruno Ganz incarne à merveille la dualité de Kater, tiraillé entre son apparence factice imposée par sa carrière de politicien et sa nature profonde. Il donne naissance à un personnage complexe et passionnant que l'on se surprend autant à aimer qu'à détester, réalisant une prouesse en matière d'empathie pour le spectateur. Loin de tout sentimentalisme déplacé, la mise en scène de Wolfgang Panzer navigue habilement entre les fastes de pouvoir et la personnalité intrinsèque de Kater. Le réalisateur achève d'ailleurs son œuvre par une séquence magnifique qui fait habilement écho au générique du début et où l'on voit Kater s'évertuer à combattre à sa manière l'un de ses pire ennemi: le temps qui passe.